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HISTORIQUE

Depuis la création de l’ADELC en décembre 1988, le nombre d’interventions s’élève, à fin décembre 2019, à 992 auprès de 535 librairies. La différence entre les deux chiffres vient du fait que certaines librairies ont pu être aidées plusieurs fois au cours de leur développement. Parmi ces 535 entreprises aidées par l’ADELC, on peut retenir 167aides à des créations et 201 rachats.

Le montant total des aides accordées, toujours depuis la création, s’élève à 46 M€.

 

Au 1er janvier 1982, la loi sur le prix unique du livre, Loi Lang, rentre en application. Après de longues et âpres batailles autour du mode de fixation du prix du livre et par là même sur la structuration à venir des réseaux de vente du livre, les promoteurs de cette loi, comme ceux qui les ont rejoint pensent, dans leur grande majorité, que les librairies d’assortiment général, indépendantes des grandes chaînes, vont connaître un avenir meilleur.

Certes, les deux premières années de plein exercice de cette loi qui encadre le secteur laissent apparaître une réelle reprise du courant d’affaires du livre en général et de ce type de librairies d’assortiment général après les années noires qu’ont pu constituer les périodes successives de guerre des prix (le « discount ») dans le cadre du prix conseillé entre avril 1974 et juin 1979, puis du prix « net », c'est-à-dire, entre juillet 1979 et décembre 1981.

Tout en s’inscrivant à l’intérieur de ce cadre législatif, l’économie du livre s’organise dans et avec le marché. Le milieu des années quatre vingt n’est pas favorable au développement de la vente des livres. Il devient donc aisé, pour certains détracteurs de la Loi Lang, d’imputer à cette dernière les résultats médiocres de l’activité du secteur du livre. La prestigieuse direction de la prévision au Ministère de l’Économie produit ainsi en 1986 un rapport, réalisé par un économètre de renom, qui veut démontrer que les effets de la mise en œuvre de la Loi Lang sont négatifs pour ce que l’on n’appelait pas encore la chaîne du livre.

Des leaders de grandes surfaces de distribution, comme le principal syndicat des libraires de l’époque, relayent ce discours.

À l’occasion de l’alternance que connaît la France en mars 1986, le nouveau ministre de la Culture s’interroge sur le dispositif de prix unique. Il commande en 1987 un rapport à Patrice Cahart, Inspecteur général des Finances, pour faire un état des lieux du secteur du livre en France et, en particulier, une analyse de l’impact de la Loi Lang.

Au milieu de ces débats politiques comme professionnels, plusieurs éditeurs s’interrogent ensemble sur l’évolution des ventes de leurs fonds non pas seulement en valeur absolue, mais aussi et surtout en fonction des réseaux.

On se rappelle ainsi la réflexion de Jérôme Lindon, alors Président des Éditions de Minuit, sur l’analyse des ventes de l’ouvrage d’un jeune écrivain, « La Salle de bains » de Jean-Philippe Toussaint. Cette analyse a montré de façon extrêmement éclairante comment pendant les premières semaines de vente, ce sont les librairies d'assortiment général qui assurent le lancement de l’ouvrage avant que les grands médias ne se mettent à assurer la promotion de ce livre, suivis ensuite par les grandes surfaces culturelles ou non.

Ces éditeurs s’interrogent également sur la faible « performance » de la vente du livre par habitant dans les villes disposant d’un nombre restreint d’opérateurs comme Lille ou Lyon. Une analyse, réalisée auprès d’une cinquantaine de villes en 1987, fait alors apparaître une corrélation forte entre le dynamisme du marché et la largeur de l’éventail des points de vente du livre, tous réseaux confondus.

D’autres interrogations se font jour encore. Mais aussi, et surtout, un constat : le développement, voire la pérennité d’un réseau fort de librairies d’assortiment général, indépendantes des grandes chaînes ne peut se faire que si celles-ci disposent de capacités d’investissement significatives ; pourtant l’économie de ces librairies ne permet pas de dégager des marges nettes suffisantes pour permettre la réalisation de ces investissements.

Toutes ces interrogations, ces constats, ils ne sont pas tous repris ici, conduisent à la même conclusion : la Loi Lang est une condition nécessaire, mais elle n’est pas une condition suffisante pour le maintien et le développement de ces librairies qui constituent le passage indispensable pour favoriser la diffusion de la création éditoriale.

Au début de l’été 1987, quatre éditeurs, Gallimard, La Découverte, Le Seuil et Minuit, décident de réfléchir ensemble aux dispositifs qu’ils pourraient mettre en place pour tenter d’apporter à ces librairies les moyens de se développer et de conserver leur indépendance.

Le hasard fait que le rapport de Patrice Cahart, « Le livre français a-t-il un avenir ? », est présenté en janvier 1988. Tout en constituant un argumentaire solide en faveur du prix unique du livre, il évoque la place de la librairie, présentée comme « le maillon faible de la chaîne du livre ».

Au cours de cette présentation, les détracteurs de la Loi, il en reste encore quelques uns à cette date, comprennent que cette dernière est, pour un temps, consolidée. La rencontre, à la fin de cette présentation, entre Walter Gerstgrasser, fondateur et Président de France Loisirs et Jérôme Lindon est étonnante et déterminante.

Elle conduit, en particulier, Walter Gerstgrasser à proposer à Jérôme Lindon une aide financière substantielle pour conforter le réseau de librairies dès lors que les modalités d’encadrement du secteur par le prix unique du livre sont arrêtées et que l'action de France Loisirs se voulait, selon lui, en complément de celle des librairies [il n'est pas inutile de rappeler que France Loisirs n'était pas alors propriétaire de librairies].

Au cours de cette année 1988, les quatre maisons d’édition précédemment citées travaillent de concert pour élaborer un projet juridique, financier, mais aussi technique et politique, au sens des principes et conditions d’intervention, permettant la mise en place d’une structure nouvelle en faveur des librairies assurant un réel travail de diffusion de la création éditoriale.

De là naît le terme de librairie de création, puis le sigle ADELC, Association pour le Développement de la Librairie de Création. Les statuts de cette association à but non lucratif, de type Loi 1901, sont déposés à Paris en décembre 1988.

Très vite, France Loisirs rejoint l’Association et apporte un soutien financier très important et déterminant, ainsi que la Direction du Livre et de la Lecture. Dans les mois qui suivent, une vingtaine d’éditeurs adhérent à l’ADELC et acquittent, comme le prévoient les statuts, une cotisation annuelle correspondant à 0,15 % de leur chiffre d’affaires.

Depuis son origine, l’ADELC organise son travail de façon ouverte. Cela veut dire, en premier lieu, que ses interventions financières ne sont pas déterminées par l’intérêt de ses éditeurs adhérents. L’appui qui est apporté à ces librairies de création (le terme, en soi, ne saurait constituer un label), profite à l’ensemble de la création éditoriale et non aux publications des seuls membres de l’ADELC.

En second lieu, l’ADELC oriente ses interventions vers des librairies de nature généraliste, en d’autres termes, vers des librairies qui ne s’inscrivent pas obligatoirement dans un schéma de type « élitiste ». L’économie du livre est dans le marché. La professionnalisation, le développement de la surface de vente, celui des fonds, la transmission mais aussi la création de nouvelles librairies, sont les principaux axes d’intervention de l’ADELC.

Aux côtés du Conseil d’administration de l’ADELC, le Comité d’engagement, composé pour l’essentiel des directeurs commerciaux, des éditeurs membres du Conseil et d’un représentant du ministère de la Culture, étudie les dossiers de demande de soutien des librairies qui ont été au préalable instruites par le délégué général.

La Charte du Comité d’engagement de l’ADELC [voir rubrique Charte sur ce site] stipule que les librairies aidées sont « celles qui concourent autant au maintien des fonds éditoriaux qu’à la défense de l’édition de création ouverte à tous les publics ».

Le mode d’intervention principal est l’apport en comptes courants d’associés remboursables. L’ADELC se porte acquéreur d’au moins (et, dans la plupart des cas, au plus) 5 % et verse en compte courant, non rémunéré, le reste de la somme attribuée.

La subvention, par essence non remboursable, est un moyen pour l’ADELC, d’apporter son concours à des librairies qui ne sont pas constituées en sociétés et dans lesquelles il ne peut donc y avoir acquisition de parts sociales et apport en compte courant.

Les projets de création ou de rachat, voire de développement de librairies présentées par une personne ne disposant pas d’expérience de libraire, peuvent faire l’objet d’un accompagnement du futur libraire par un libraire conseiller dont la prestation est rémunérée par l’ADELC.

De nombreux dossiers de demandes d’aides sont étudiés par l’ADELC en même temps que par d’autres structures de soutien comme le CNL ou les DRAC. Il s'agit de mutualiser au plus, et au mieux, les différents types de soutien existants.

Il est important de rappeler que l’intervention de l’ADELC repose sur une analyse économique et professionnelle des dossiers qui lui sont présentés, mais qu’elle se nourrit d'abord, et pour une très grande part, de la capacité des librairies à présenter des dossiers qui dépassent les seuls critères traditionnels de demande d’aide pour décrire, écrire leur métier, leur quotidien, leurs rencontres avec les publics comme avec les livres, leur devenir.

L’ADELC n’est pas une "banque", elle est un outil au service de libraires grâce auxquels la diversité du livre existe pour la diversité des lecteurs. Depuis 2007, la région Île-de-France appuie l’ADELC. Depuis 2008, l’ADELC a été dotée par le ministère de la Culture de fonds importants pour aider à la transmission des entreprises. Ce fonds a été renforcé  en 2013.